Les hedge funds sont les meilleurs amis des actionnaires minoritaires
A la suite d'une conférence organisée le 13 juin 2007 par l'AFGE (Association Française du Gouvernement d'Entreprise) à laquelle j'avais participé sur le thème des Hedge funds, j'ai été interviewé par Easy-Bourse sur le même sujet.
Que répondez-vous à ceux qui disent que les Hedge Funds représentent une menace pour les marchés financiers ?
Nous ne pouvons pas d'un côté dire que le gouvernement d'entreprise est faible et en particulier regretter que les actionnaires minoritaires n'osent rien dire et soient complètement indifférents à ce qui se passe et reprocher d’un autre côté à des actionnaires minoritaires particulièrement actifs, très professionnels et prêts à s'engager de longs mois d'intervenir.
Les Hedge Funds sont probablement les meilleurs amis des actionnaires minoritaires en ce qu’ils constituent un véritable contrepoids par rapport au conseil d'administration largement dominée par les dirigeants. Ils permettent en cela de rétablir un certain équilibre.
Que pensez vous de l’aspect activiste de ces nouveaux acteurs ?
Je pense que cet aspect activiste est utile. Les Hedge Funds permettent de racheter des filiales cotées à bas prix mais qui étaient en difficulté. Ils prennent des risques et profitent des inefficiences des marchés.
Par leurs ressources importantes, ils sont à même de faire avancer véritablement les choses et de permettre la concrétisation de projets novateurs.
Quel est votre point de vue sur l’idée de réglementer ces acteurs ?
Il est vrai qu'un certain nombre de petits Hedge Funds n'ont pas l'éthique adéquate et ont parfois des comportements excessifs : liaisons croisées, engagements multiples.
Ceci étant, ces Hedges funds représentent une partie minime par rapport aux grands comptes qui sont ceux qui ont le plus de poids. Nous voyons mal ces derniers se livrer à des activités frauduleuses. Ces Hedge Funds ont comme clients des organismes para étatique, des grands fonds de pension, des banques centrales. On s'imagine mal qu'une banque centrale ou un grand fonds de pension prenne des risques de réputation en investissant dans un Hedge Fund qui aura une activité illicite dans le blanchiment des capitaux.
Si réglementation il y a, pour des raisons d'égalité de traitement, cette réglementation devra concerner tous les Hedge Funds qu'ils soient petits ou grands, malhonnêtes ou pas. Or une condition clé de l'existence de ces nouveaux acteurs et de leur efficacité sur les marchés réside dans la souplesse qui leur est accordée en raison d'une réglementation non abondante.
De quelle manière les banques s'efforcent-elles de pallier au risque systémique que présentent ces nouveaux acteurs ?
Les banques ont appris à réguler étroitement leurs activités avec ces nouveaux acteurs par la mise en place de stress test, ou encore par des appels de marge.
La plupart des banques n'ont jamais perdu d'argent en dépit des risques que présentent les Hedge Funds. Paradoxalement, sur une activité qui ne pose pas de problèmes comme le prêt d'argent aux entreprises ou encore le prêt d'argent à des LBO les banques ont perdu beaucoup d'argent.
Pensez vous que les Hedges Funds servent à la stabilité du système ? Pourquoi ?
Les Hedge Funds sont des fantastiques répartiteurs de risque sur les crédits, sur les dérivés complexes. Ils permettent de partager les risques si bien que celui-ci est clairement dissimulé et amoindri.