Le dinosaure de la mauvaise gouvernance

Martin Lipton, de la firme Wachtell, Lipton, Rosen & Katz est devenu célèbre aux Etats Unis en créant les fameuses poisons pills. 

C'est le spécialiste des stratégies d'"entrenchment" des managers. Très régulièrement, il envoit à ses clients des petites notes sur les évolutions de la réglementation et de la jurisprudence du droit des affaires américain. Un article paru dans le New York Times épingle sa dernière production en soulignant le décalage de ses recommandations avec les bonnes pratiques de gouvernance telles qu'elles sont aujourd'hui admises par la communauté financière. "Questioning an advisor's advice" est un article à lire, mais, à mon avis, il ne va pas assez loin dans la critique qui peut être faite à ce célèbre avocat. Personnellement, j'ai été beaucoup plus surpris par la note qu'il avait envoyée le 20 décembre et qui s'intitule " there is no connection between corporate governance and corporate performance". C'est une véritable déclaration de victoire à laquelle se livre Matin Lipton :

"Year after year, academics, many of whom are the most radical of the governance advocates, have produced statistics designed to show that golden parachutes, poison pills, staggered boards, independent directors who are CEOs (or former CEOs), CEOs who are also chairman and the balance of the annual bad governance lists published by CII, ISS and others like CalPERS and TIAA-CREF result in lower stock prices, poor relative performance and excessive executive compensation. When confronted by examples of increased shareholder value, superior performance and compensation that clearly is merited by performance, they have rejected them as “anecdotal” and not worthy of academic consideration. Now, three leading academics have reviewed and analyzed most of the studies of the relationship between corporate governance and performance and have concluded that they in fact do not prove the proposition they are cited for."

A la lecture de ces lignes, je me suis précipité sur l'étude en question et quelle n'a pas été ma surpise en découvrant que les auteurs n'ont jamais dit cela ! En réalité, ils mettent en cause non pas les liens entre la gouvernance et la performance, mais la capacité des index de gouvernance à expliquer la performance des entreprises :

"Our core conclusion is that there is no consistent relation between governance indices and measures of corporate performance. Namely, there is no one “best” measure of corporate governance: the most effective governance institution appears to depend on context, and on firms' specific circumstances. It would therefore be difficult for an index, or any one variable, to capture critical nuances for making informed decisions"

Il est dommage que Martin Lipton n'ait pas pris la peine de lire plus attentivement cette étude avant d'envoyer sa lettre aux dirigeants américains. Il ne faudrait pas qu'ils s'imaginent que tous les progrès qu'ils ont faits n'ont servis à rien !

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