Volatilité extrême et validité
de nos modèles d'évaluations

La volatilité importante des marchés nous rappelle que le hasard n'est pas gaussien.

Comme le dit Christian Walter lors d'une discussion avec Benoît Mandelbrot :

"Qu'est-ce qui se passe quand on examine de plus près les variations par rapport à l'hypothèse Gaussienne ? On voit qu'il apparaît ça et là, des pics, ça veut dire qu'il y a trop de variations importantes à la baisse ou à la hausse pour qu'on puisse les représenter par une loi de Gauss. Alors c'est important, parce que ces événements-là sont peut-être rares mais ils ont une grande importance sur le résultat final d'un investissement ou le contrôle final d'un risque. En fait, ils sont très peu nombreux, mais ils coûtent très chers pour permettre de gagner beaucoup. Par exemple, si l'on prend la performance annualisée du marché américain sur 9 ans (Note JFR : 1983-1992), sur les 2526 jours de la période totale la rentabilité annuelle est de 16,2%, si maintenant on retire les 10 meilleurs jours sur les 2526, on tombe de 16% à 11,6% de rentabilité, si on retire les 20 meilleurs jours la rentabilité annuelle tombe à 8,6%, en retirant les 30 meilleurs jours elle tombe à 6%, en retirant les 40 meilleurs jours, elle tombe à 3 et demi, 3,6. Ca veut dire que ce qu'on voit c'est que les 40 meilleurs jours, c'est-à-dire 2% à peu près du total des jours, participent au 4/5ième de la performance totale et donc très peu de jours contribuent pour l'essentiel au résultat final.".

Or, les modèles classiques d'évaluation reposent sur l'hypothèse d'une distribution normale des rendements de l'action avec une moyenne qui a tout son sens : le calcul d'une moyenne n'est en effet acceptable que si la dispersion des observations reste limitée. L'existence de rendements extrèmes jette une ombre sur cette approche. Elle nous oblige à repenser nos méthodes en tenant compte de lois différentes comme celle de Pareto et à reconnaître les phénomènes de mimétisme et d'autoréférentialité dans les comportements boursiers (voir à ce sujet l'article de Christian Walter : Volatilité boursière excessive : irrationalité des comportements ou clivage des esprits ?, Revue d’économie financière, n°74, mai 2004, pp 85-104).

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