Retour sur le groupthink

Dans mon dernier post, j'évoquais le risque de Groupthink auquel les administrateurs doivent être attentifs (au même titre que les biais comportementaux qui nous guettent en permanence) (*).

Dans le Monde de ce soir, Ezra Suleiman, spécialiste des élites françaises, nous rappelle que ce risque existe aussi au sommet de l'Etat :

A la question "Est-ce que cette homogénéité de l'élite vous semble paralyser l'action de l'Etat ? il répond :

Que serait la France si elle avait moins de réseaux et de tribus ? On ne peut pas le savoir. En tout cas, je remarque que Hollande n'a pas été chercher très loin pour former son équipe. Je ne dis pas que ce sont les compétences de ces "technos" qui sont en cause, mais on peut s'interroger sur une telle fidélité à sa tribu, voire tout simplement à sa promotion. Surtout de la part d'un homme de gauche. Une telle consanguinité risque toujours de mener à ce que Orwell(*) appelait le groupthink, littéralement "la pensée de groupe", quand ce qui prime est le désir d'unanimité. Le groupthink est une catastrophe, vous fermez la porte aux idées nouvelles, et vous perdez la compétition mondiale. L'élite actuelle aurait beaucoup à gagner en s'ouvrant, ne serait-ce que par la stimulation qu'ils recevraient en se frottant à des gens venant d'autres horizons et de formations différentes."

Outre ce "soupçon" de Groupthink, l'action et les déclarations gouvernementales offrent des illustrations excellentes des différents biais comportementaux que j'évoquais dans mon post précédent. En particulier, le biais de confirmation me semble être récurrent. Il suffit d'une statistique économique favorable pour qu'on nous explique que, oui, le bout du tunnel est là; que, décidément, les choix qui ont été faits sont les bons; et que, bien sûr, il faut poursuivre dans cette voie ! Toutes les mauvaises nouvelles, bien plus nombreuses, sont évacuées ou minorées.

La gouvernance d'entreprise doit d'être améliorée, mais le chantier de celle de l'Etat mériterait lui d'être ouvert.

(*) Je reviendrai bientôt sur la façon dont les conseils d'administration peuvent contribuer à réduire ces risques et biais et renforcer l'efficacité des décisions stratégiques

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